L'héroïne et ce trafic qui gangrène la Meuse
À peine 250 km sépare Maastricht de Verdun. Les trafiquants achètent la drogue là-bas, puis la livrent illégalement la France en traversant la Belgique. Aujourd'hui, l'héroïne se répand dans les villes et les villages de Meuse. Un département d’à peine 185.000 habitants frappé par la désertification économique.
"A Verdun, cette drogue est la moins chère de France"
Dans les points de deal meusiens, le «poison brun» devance largement la cocaïne et le cannabis. Entre 2014 et 2018, il représentait 35,9% des saisies de stupéfiants dans le département, contre moins de 5% dans le reste du pays. La vigueur du marché s’explique d’abord par la proximité géographique avec les Pays-Bas et la Belgique, pays de stockage et de redistribution de l’héroïne. Et par son prix: «à Verdun, vous avez l’héroïne la moins chère de France, 20 euros le gramme en moyenne», souffle la procureure de la ville Sophie Partouche.
Trafiquants de Metz et Nancy
Le trafic artisanal, où un usager-revendeur faisait la route jusqu’à Maastricht pour ramener aux copains et ainsi payer sa consommation, dominait encore jusqu’à récemment. Les réseaux se professionnalisent depuis quelques années, avec des trafiquants venus de Metz ou Nancy pour ouvrir des succursales en Meuse.
«Il s’agit d’un trafiquant froid qui ne consomme pas. Il recrute un relai consommateur pour monter un “bendo“ (la personne met à disposition du gérant son appartement contre des doses, NDLR)», décrypte Sofian Saboulard, procureur de la République de Bar-le-Duc. Les procédés de la criminalité organisée s’implantent donc désormais dans ces zones rurales: les réseaux travaillent à flux tendu pour minimiser les pertes, utilisent des moyens cryptés et n’hésitent pas à user de méthodes violentes.
A Verdun, depuis quatre ans, près de 15 kg d'héroïne ont déjà été saisis par les gendarmes de la Meuse pour une valeur de 220.000 euros.
(AFP)
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