Manuel Valls au Salon de l'Agriculture : des échanges "rugueux mais respectueux"

Manuel Valls a eu des échanges "rugueux mais respectueux" lundi au Salon de l'Agriculture avec des éleveurs, deux jours après une inauguration ponctuée de sifflets et d'insultes à l'encontre du chef de l'Etat.
Ecrit par marco leLundi 29 février 2016 - 11:45

Le Premier ministre a essuyé quelques huées et quolibets, dans la partie des vaches laitières, après être arrivé avant 07H00, entouré d'un imposant service d'ordre, ont constaté des journalistes de l'AFP. Mais les éleveurs paraissaient moins remontés que lors de la venue samedi du président Hollande.

« Vas te cacher. T'as rien compris petit zizi, tu vas pas changer l'Europe », a hurlé un éleveur. Un grand panneau avec une bâche noire avait été dressé, frappé du slogan: « Je suis le top de la qualité française mais ma passion ne suffit plus ».

« Vous êtes les pantins de l'Europe », a lancé François, éleveur dans l'Eure, en ajoutant: « Ils sont là pour se pavaner mais ils n'ont aucun pouvoir et nous on crève ».

Me Premier ministre a répondu sur le même ton : « On vient tous les ans. C'est toujours la même chose. Si on ne vient pas, on est des trouillards, si on vient, on vient se pavaner ». Evoquant des échanges « rugueux mais respectueux » , il a assuré que le gouvernement était « depuis un an, à l'écoute du monde agricole », rappelant les plans d'urgence, la baisse des cotisations sociales.

Selon Manuel Valls, après la visite à Paris la semaine passée du commissaire européen Phil Hogan, il y a, à Bruxelles aussi, « une prise de conscience de la gravité de la crise ».

Les éleveurs attendent « des prix rémunérateurs ». Il faut que le lait soit payé au minimum à 350 euros la tonne (35 centimes le litre contre 30 voire parfois 27 actuellement), et « pour bien réinvestir, il faudrait avoisiner les 400 euros », a expliqué José Baechler, un éleveur du Lot-et-Garonne.

La visite de M. Valls est intervenue peu avant la fin des négociations lundi à minuit entre les industriels et la grande distribution (GMS), accusée de tirer les prix vers le bas.

Depuis une dizaine de jours, les principaux acteurs - industriels de l'agroalimentaire et responsables agricoles - dénoncent des "négociations plus dures que jamais" avec la grande distribution.

« Chacun doit assumer ses responsabilités... c'est le cas pour les industriels, c'est le cas pour la grande distribution », a répété lundi M. Valls, qui avait appelé la semaine passée les distributeurs « à faire preuve de solidarité en ne baissant pas les prix lors des négociations commerciales pour 2016 ».

Et « s'il faut légiférer pour encadrer davantage nous le ferons », a-t-il averti, alors que le président Hollande a annoncé vouloir modifier "avant l'été" la Loi de modernisation de l'économie (LME) adoptée en 2008, sous le quinquennat Sarkozy, afin de garantir une meilleure protection des producteurs, parent pauvre de ces négociations.

La LME rebaptisée par les éleveurs "Loi Leclerc", instaure la liberté de négociation des prix entre les centrales d'achat des grandes surfaces et leurs fournisseurs. Ce système permet aux premières d'exiger des baisses qui pénalisent les producteurs.

Xavier Beulin, le patron de la puissante FNSEA, premier syndicat agricole, a dénoncé ces « patrons d'enseigne la main sur le cœur qui viennent gentiment nous expliquer que tout va bien, qu'eux-mêmes vont prendre leurs responsabilités » alors que leurs groupes demandent des baisses de "-4% et -8% sur tous les produits alimentaires".

Ces difficultés purement françaises, liées à l'extrême concentration des enseignes de grande distribution, défendues par quatre centrales d'achat, s'ajoutent à une crise plus conjoncturelle de surproduction, de baisse de la demande et d'embargo russe qui pèse pour ce dernier surtout sur les cours du porc.

Manuel Valls a par ailleurs promis lundi que la France serait « extrêmement vigilante » concernant les négociations commerciales en cours entre l'Union européenne et les Etats-Unis (Traité transatlantique, TTIP, ndlr) alors que les éleveurs s'inquiètent d'un afflux massif de viande bovine.

Il est « hors de question » que les Etats-Unis aient accès au marché européen en restant l'"un des pays les plus protectionnistes", a-t-il asséné.

Avec l'AFP.

(Crédit photo : AFP / MIGUEL MEDINA )

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